Cartographier les chantiers
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Un outil fédérateur simplifie les demandes de permis pour réaliser des travaux qui empiètent sur les rues de Montréal. Un gain pour la population comme pour le personnel municipal.
La valse des cônes orange dans la métropole a de quoi donner le tournis. La Ville de Montréal autorise chaque année des milliers de chantiers dans ses rues. Jusqu’à tout récemment, cette frénésie de rénovation sur l’île occasionnait bien des maux de tête, sous la forme d’entraves multiples. « La gestion était difficile, en l’absence d’une vue globale des demandes de permis », résume Yassine Bentaleb, chef de division aux solutions d’affaires au Service des technologies de l’information.
Le nœud du problème : les « permis d’occupation temporaire du domaine public pour travaux » s’avéraient complexes à obtenir. Les citoyens et entrepreneurs devaient se plier aux différentes manières de faire des 19 arrondissements de Montréal pour décrocher le Saint-Graal!
Qui plus est, il était impossible de savoir si leur utilisation de l’espace souhaité entrait en conflit avec d’autres chantiers, cette information étant diluée. « Il nous fallait à la fois harmoniser les processus de demandes de permis et améliorer la gestion des interventions sur la voie publique », indique Yassine Bentaleb.
Cartographier les chantiers
La solution imaginée consiste en une application numérique : AGIR-permis. Basé sur des technologies libres (open-source), le nouveau système propose une vue cartographique qui permet de visualiser la localisation des entraves passées, actuelles et futures.
Lorsqu’une personne dépose une demande, elle obtient un portrait complet de sa requête avec le coût estimé qui en résulte. Et ce, en une semaine ou moins. De son côté, le personnel municipal bénéficie d’un tableau de bord à la fine pointe du progrès et mis à jour en temps réel.
Neuf mois d’efforts concertés, en pleine pandémie de COVID-19 de surcroît, ont été nécessaires pour mener à bien ce projet. En effet, les permis sont la chasse gardée des arrondissements et non de la ville centre. « Nous avons mis en place des comités de travail avec les différentes parties prenantes. Nous avons aussi formé une table décisionnelle avec les arrondissements où les propositions de changements devaient être entérinées », raconte le chef de division. Pour assurer une expérience optimale, même le cadre légal a dû être modifié!
Des permis délivrés plus vite
L’entrée en fonction d’AGIR-permis, en mars 2021, a déclenché une petite révolution. La Ville de Montréal a enregistré cette année-là près de 75 000 demandes. Malgré tout, le temps de traitement de ces autorisations a significativement diminué — elles sont désormais délivrées en majorité le jour même de leur requête. Le ratio des projets qui nécessitent une modification de permis, une tâche fastidieuse, a réduit de 48 % à 20 %. La Ville reçoit aussi un volume moindre d’appels à sa ligne de service à la population, le 311. Dorénavant, le temps de traitement des demandes par les agents est maintenant davantage consacré à des tâches à forte valeur ajoutée.
Cette performance attire l’attention de municipalités situées à proximité de Montréal. Des discussions se poursuivent afin de déterminer la faisabilité de l’implantation du système dans ces milieux.
D’ici là, le noyau dur d’une quinzaine de personnes qui a concrétisé AGIR-permis attend avec impatience le gala du 24 novembre prochain, lors duquel leur projet sera mis en valeur. « La coopération entre les divers acteurs impliqués dans ce dossier a été exemplaire, confie Yassine Bentaleb. Quel travail d’équipe! »
Partenaire du prix : ministère de la Cybersécurité et du Numérique