Championne des familles et des aînés
Voyez la vidéo hommage à Line Bérubé
Considérée comme un pilier de la politique familiale du Québec, Line Bérubé a contribué au lancement d’importants plans d’action pour assurer le mieux-être des enfants et de leurs parents.
« Vous allez m’arrêter ça! » Nous sommes au milieu des années 2010. Line Bérubé occupe le poste de sous-ministre au ministère de la Famille. Un matin, elle apprend qu’une petite de 4 ans, handicapée, ne pourra plus fréquenter le service de garde qui l’accueille à cause d’un changement dans l’enveloppe budgétaire d’un programme qui permettait jusque-là qu’elle y soit intégrée. Sa réaction vient du cœur : « Je comprends qu’il faille jongler avec les budgets, mais ce genre de décision n’a pas de bon sens. » Grâce à son intervention, la fillette et ses parents, comme tous ceux et celles dans des situations semblables depuis, ont vu leurs droits acquis pris en considération.
La jeune retraitée relate l’anecdote avec l’humilité qui la caractérise. Mais ce type de victoire la rend fière. Combattre les iniquités qu’elle ne peut tolérer, participer à la création d’une société meilleure, voilà ce qui l’a animée durant ses 37 ans dans l’administration publique, dont 30 comme gestionnaire. Pour cette aînée de quatre filles, aider les autres est une seconde nature.
« Œuvrer au bien commun l’est aussi. Ma carrière m’a permis de combiner les deux. » Elle débute dans un centre local de services communautaires (CLSC) de sa région natale du Bas-Saint-Laurent tout en complétant sa maîtrise en service social. Rapidement, la jeune femme devient gestionnaire. Suivent une maîtrise en administration publique et un nombre croissant de responsabilités au sein de plusieurs CLSC. Dans ces établissements, elle côtoie des clientèles vulnérables. « J’y ai appris la vie, affirme-t-elle, touchée. Cette réalité terrain m’a toujours habitée par la suite. »
Le goût de changer les choses
Ces années lui donnent aussi le goût de changer les choses. D’où son choix d’une carrière dans la fonction publique. De 2002 à 2020, elle marque de son passage trois ministères, d’abord comme gestionnaire à la Santé et aux Services sociaux, puis comme sous-ministre à la Famille et aux Aînés ainsi qu’au Travail, à l’Emploi et à la Solidarité sociale. Elle conclura son parcours au Conseil exécutif, où elle agira comme secrétaire générale associée aux emplois supérieurs.
« Son engagement et sa contribution au service de l’intérêt public, notamment auprès des enfants, des familles, des aînés et des personnes vulnérables, sont exceptionnels. » Ainsi témoigne celui qui l’a remplacée dans ce dernier rôle, Benoît Grenier.
Parmi ses réussites, Line Bérubé compte les différents plans d’action qu’elle a pilotés. Certains visent à prévenir l’intimidation, d’autres à contrer la maltraitance envers les aînés, ou encore à favoriser l’inclusion économique et la participation sociale. Elle se rappelle son émotion au moment où le gouvernement les rendait publics. « J’avais le sentiment du devoir accompli, d’avoir fait le meilleur pour les gens. »
Reconnue pour sa rigueur et son doigté, Line Bérubé s’est aussi vu confier des mandats délicats. Parmi eux, la réforme du financement des services de garde. L’exercice faisait suite au rapport très critique et médiatisé déposé en 2011 par le Vérificateur général sur l’attribution des places pour les enfants. En plus d’apaiser les tensions, la gestionnaire a su implanter des solutions concrètes aux lacunes soulevées, pour mieux répondre aux besoins des familles.
Gérer avec intelligence émotionnelle
C’est souvent entre deux foulées que cette amoureuse de la course à pied a trouvé le tour de dénouer les impasses. « Mais je n’ai pas fait ça seule! » En vrai leader, elle s’empresse de souligner la contribution de ses équipes et la satisfaction qu’elle a eue à les mobiliser dans le respect.
Plaisir partagé. « Je peux certifier que Line fait l’unanimité auprès de ses collègues par son écoute et son intelligence émotionnelle », assure Madeleine Paulin, qui a elle-même occupé plusieurs postes importants au gouvernement.
Aujourd’hui mentore auprès de la relève de la haute fonction publique québécoise, Line Bérubé partage généreusement son expérience. Parmi ses conseils, celui-ci : « Il ne faut pas redouter les passages difficiles. Ce sont ceux qui m’ont le plus appris. »
C’est encore vers cette relève que ses pensées se tournent au moment où elle reçoit le prix Hommage. « La pénurie de main-d’œuvre est à craindre, déplore-t-elle. C’est pourquoi il faut valoriser davantage les personnes qui travaillent dans le secteur public. Il s’en trouve beaucoup qui sont extraordinaires. » Dénuée de prétention, Line Bérubé n’userait jamais de cet adjectif pour elle-même. Malgré tout, elle représente un exemple éloquent et inspirant de l’engagement civique.
Partenaires du prix Hommage : Ministère du Conseil exécutif et Beneva