Mobilisation régionale pour un inventaire réussi
Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes au prix Monde municipal
Grâce à la débrouillardise d’un service des infrastructures imaginatif, la plupart des municipalités de Bellechasse savent tout désormais de l’état de leurs actifs.
De combien de poteaux d’incendie dispose Armagh? Quel est l’état des bâtiments municipaux situés sur le territoire de Buckland? Où sont localisées exactement les vannes d’aqueduc de Saint-Malachie? Jusqu’à tout récemment, les agglomérations de Bellechasse, en Chaudière-Appalaches, n’avaient pas en main un inventaire complet de leurs actifs.
« Il y avait un manque », résume Louis-Pierre Harvey. L’arpenteur-géomètre travaille au Service des infrastructures de la Municipalité régionale de comté (MRC) de Bellechasse, qui regroupe aussi des spécialistes en génie civil. « Le peu d’informations à la disposition des municipalités concernait surtout les réseaux de chaussées et de conduites d’égout et d’aqueduc situés dans leur périmètre urbain. »
Ce portrait parcellaire nuisait à la prise de décisions financières réfléchies par ces gouvernements locaux. Comment par exemple planifier le nécessaire entretien de ponceaux si on ignore tout de la condition propre de chacun? Cela revient à naviguer au doigt mouillé. À moins, bien sûr, de se doter d’une vue d’ensemble, comme l’a fait la MRC de Bellechasse dans les dernières années.
Un programme comme levier
En 2019, le Service des infrastructures a pris connaissance d’un programme de gestion des actifs offert par la Fédération canadienne des municipalités. Ce plan couvre 80 % des dépenses relatives à un tel exercice, jusqu’à concurrence de 50 000 $. Les 20 % restants, ou 12 500 $, proviennent des poches des administrations locales. Avec ce budget, aucune des municipalités n’aurait pu développer seule un tel outil.
« La plupart de nos municipalités ont moins de 3 000 habitants. Elles ne disposent pas des ressources à l’interne pour remplir les demandes de subventions, puis piloter la réalisation du projet une fois le financement obtenu. Nous avons donc eu l’idée de prendre en charge ces volets en offrant un service clé en main », raconte Louis-Pierre Harvey.
En tout, 18 des 20 localités de la MRC de Bellechasse ont levé la main. « Le financement mis en commun nous a permis de collecter des données d’inventaire et d’état sur les huit classes d’actifs jugées les plus essentielles », précise-t-il. Le projet a permis aux municipalités participantes de prendre une longueur d’avance comparativement à la majorité des municipalités de même envergure en matière de gestion d’actifs.
Une gestion plus responsable
Au terme de cet effort, en juin 2021, l’équipe a achevé son décompte. Elle a répertorié 1 300 ponceaux, 435 poteaux d’incendie, 960 vannes d’aqueduc, 60 bâtiments municipaux. En prime, 312 km de chaussées et près de 33 km de conduites d’égout et d’aqueduc. Elle a ensuite centralisé ces données sur une plateforme géomatique. Leur mise à jour permet de vérifier comment les infrastructures évoluent dans l’espace et dans le temps.
Plusieurs des administrations concernées bénéficient en outre d’un tableau de bord intégré à la plateforme. Grâce à cet outil, elles peuvent mener des analyses poussées et ainsi maximiser les investissements de fonds publics sur leurs actifs. « Remplacer une canalisation en même temps qu’on procède à des travaux de resurfaçage coûte moins cher que de le faire lorsque celle-ci brise », illustre l’arpenteur-géomètre. L’outil permet aux municipalités d’alimenter elles-mêmes la plateforme et mettre à jour les données pour assurer une continuité, même si le personnel actuel venait à changer.
Cette initiative originale se qualifie sans peine pour la finale du prix Monde municipal. « C’est une belle surprise qui confirme la pertinence de services comme les nôtres au sein des MRC », conclut avec fierté Louis-Pierre Harvey.
Partenaire du prix : ministère des Affaires municipales et de l’Habitation