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Résumé

Tendre la main à la victime

Tendre la main à la victime - Service de police de Terrebonne

Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes au prix Monde municipal

À Terrebonne, le corps policier emploie deux agentes de liaison en violence conjugale pour mieux accompagner et protéger les personnes agressées par leur partenaire.

Un appel entre au 911. Chez un couple de la banlieue nord de Montréal, une personne a malmené l’autre. La police se rend alors au domicile et arrête l’agresseur. Jusque-là, rien de très nouveau. Sauf qu’à Terrebonne, la victime se retrouve maintenant au centre des procédures. Une nouveauté qui contribue à briser le cycle de la violence conjugale en accompagnant les victimes avec sensibilité et bienveillance. 

Cette approche inédite a vu le jour grâce à deux policières rodées au travail de terrain. Joëlle Laparé et Martine Milton ont d’abord investi de leur temps personnel pour bâtir ce projet. À la lumière de leurs 12 ans d’expérience comme patrouilleuses, mais aussi en s’appuyant sur des études, et des discussions avec des psychologues et des procureurs de la Couronne en violence conjugale, elles ont proposé des pistes de solution à leur direction. Le service de police de la municipalité a alors entamé des discussions avec le ministère de la Sécurité publique et le Secrétariat à la condition féminine. Tout cela a permis d’obtenir le financement pour la création de postes d’agentes de liaison en violence conjugale, une fonction jusque-là inexistante au sein des corps policiers. 

Leur modèle a déjà séduit une dizaine de services de police au Québec, et devrait bientôt s’implanter dans 18 communautés autochtones. Une table provinciale des agents de liaison en violence conjugale est même en place depuis ce printemps, afin d’échanger sur les meilleures pratiques. 

Accompagnement personnalisé des victimes

« De 7 à 10 jours après l’événement survenu au domicile, nos deux agentes rencontrent la victime et discutent avec elle, détaille Marc Brisson, directeur du Service de police de Terrebonne. Elles présentent les ressources disponibles, y compris une aide juridique s’il faut casser le bail de l’appartement après la séparation du couple. Elles reviennent aussi sur les conditions de libération de l’agresseur, comme le couvre-feu ou le suivi thérapeutique, et vérifient leur respect. »

Accompagnée à toutes les étapes, la personne (généralement une femme) peut se faire expliquer le fonctionnement du système judiciaire. Au besoin, elle peut même rencontrer le procureur chargé des dossiers de violence conjugale avant son témoignage, pour mieux anticiper ce qui se passera au tribunal.

Suivi amélioré des personnes violentes

L’agresseur n’est pas oublié dans tout ce processus. Les agentes de liaison vérifient qu’il respecte bien les conditions imposées par la cour, mais lui présentent aussi des organismes qui viennent en aide aux hommes violents. Elles contribuent aussi à prévenir les récidives, voire d’autres crimes, en échangeant des informations avec leurs collègues partout sur le territoire. 

Implanté seulement depuis un an, ce modèle dépasse déjà toutes les attentes. Il a permis de repérer les agresseurs qui dérogent aux modalités de leur libération, ce qui renforce la confiance des victimes dans le système de justice. Cette vigilance a permis à trois reprises de prévenir un homicide. 

Les agentes travaillent également à faire connaître le rôle de la police auprès du grand public. Elles nouent des partenariats avec des organismes communautaires et participent à des ateliers avec une association chargée d’accueillir les nouveaux arrivants. À Terrebonne, 1 personne sur 10 est née à l’étranger. « C’est important d’informer les gens de leurs droits, car les autorités policières n’ont pas toujours bonne presse dans certains pays », souligne Marc Brisson. 

Les agentes de liaison en violence conjugale Martine Milton et Joëlle Laparé accompagnées de Marc Brisson, directeur du service de police.

Voir cette réalisation classée finaliste au prix Monde municipal rend le directeur très heureux. « Cela montre que les meilleures solutions viennent souvent de la base si on leur laisse de la place, confie Marc Brisson. Avec un financement adéquat, le personnel peut imaginer des projets qui ont des impacts directs pour les victimes. »

Partenaire du prix : ministère des Affaires municipales et de l’Habitation