< Retour aux finalistes...
Résumé

De l’eau embouteillée comme solution

De l’eau embouteillée comme solution - Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches

Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes au prix Santé et services sociaux.

Dépister la COVID-19 à partir d’une bouteille d’eau achetée au dépanneur, oui, c’est possible! Voici comment une invention québécoise a contribué à contrer la pandémie.

Automne 2020. Le Québec encaisse la deuxième vague de COVID-19. Toute personne peut passer un test PCR pour détecter le virus, mais la méthode implique des délais. Sans parler de l’inconfort, car on doit insérer un écouvillon profondément par une narine pour recueillir l’échantillon. Quant aux trousses d’analyse rapide à domicile, elles ne se trouvent pas encore sur le marché. 

« Augmenter l’accessibilité au dépistage est devenu un enjeu majeur. Surtout quand nous avons vu apparaître le risque de pénurie du matériel utilisé », se rappelle Jeannot Dumaresq, microbiologiste infectiologue rattaché au Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière‐Appalaches (CISSS). 

Le spécialiste en est alors convaincu : il faut mettre au point une nouvelle méthode. « Pour favoriser son adhésion, la technique doit être moins invasive que l’écouvillonnage nasopharyngé, qui rebute plusieurs personnes. » La collecte d’échantillons de salive par gargarisme paraît intéressante. Le hic, c’est que ce procédé exige d’habitude l’usage d’une solution saline stérilisée, qui pourrait aussi être frappée de rareté.

L’eau, un réel bienfait pour la santé! 

Et si l’eau de source embouteillée pouvait convenir? Jamais tentée auparavant, l’affaire semble trop belle pour être vraie. Pourtant, les premiers tests effectués par Jeannot Dumaresq s’avèrent concluants. Le taux de fiabilité des résultats se compare à celui des échantillons obtenus par écouvillon. Mieux encore, l’eau est compatible avec toutes les trousses diagnostiques utilisées dans les laboratoires du Québec. 

Dès lors, une quinzaine de personnes s’attellent à un projet pilote qui vise à mettre au point la technique. Ses avantages sont nombreux. Non invasive, facile d’emploi, peu coûteuse, elle ne requiert aucun matériel médical spécialisé. Elle peut être administrée sans compétence particulière, contrairement au procédé par écouvillon qui exige du personnel du réseau de la santé. Enfin, la stabilité des échantillons simplifie la conservation et le transport.

L’équipe qui a participé au développement du projet.

En un mois seulement, le projet franchit toutes les étapes jusqu’à l’aval du ministère de la Santé et des Services sociaux, début novembre 2020. La méthode est alors implantée par le CISSS de Chaudière-Appalaches. Les centres de dépistage sont formés et encadrés à cet effet. Les kits de gargarisme font leur entrée dans les maisons d’hébergement, les milieux de travail et les simples domiciles. 

Un test peu coûteux et vite adopté

Les résultats ne tardent pas : le nombre de tests effectués en une journée croît de façon significative, alors que les délais de dépistage diminuent. Bref, la nouveauté aide à contrôler la propagation de la COVID-19. « Quand nous avons débuté, des gens venaient d’aussi loin que Trois-Rivières pour se faire tester! » De plus, l’initiative engendre des économies de 2 $ par prélèvement, sans compter celles liées aux ressources humaines. 

La méthode développée par le Dr Dumaresq et son équipe s’est vite répandue au Québec. Aujourd’hui, malgré la fermeture des centres officiels de dépistage, elle est encore largement utilisée, en particulier dans les milieux de travail. Elle ouvre en outre des pistes de recherche, entre autres pour la détection d’autres virus respiratoires.

Que représente pour l’équipe le fait d’être finaliste au prix Santé et services sociaux? « Nous sommes vraiment heureux de cette nomination. La fierté des personnes qui ont participé de près au projet se répercute dans tout notre l’établissement. Elle crée un effet très rassembleur », conclut Jeannot Dumaresq.

Partenaire du prix : ministère de la Santé et des Services sociaux