Des statistiques comme boussole
Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes
Un centre de services scolaire de Montréal a fondé le premier Bureau de statistiques et d’imputabilité du réseau de l’éducation. Qui en bénéficie en priorité? Les élèves.
Combien de profs manque-t-il dans cette école? Combien d’élèves risquent d’échouer leur cinquième secondaire? Combien de bâtiments sont occupés au maximum? Les chiffres foisonnent en éducation, mais prennent une éternité à analyser. Ce qui casse la tête de nombreuses directions d’école au Québec.
Le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys a réglé son problème en fondant le Bureau de statistiques et d’imputabilité, pionnier dans la province. L’équipe recueille des données cohérentes et fiables, puis en tire des outils pratiques pour les quelque 100 établissements qu’elle sert. Déchargé de ce fardeau, le personnel peut ainsi se concentrer sur sa mission pédagogique.
« C’est important de traduire les chiffres en données utiles à la prise de décision », précise Nancy Meilleur, conceptrice et coordonnatrice du Bureau. « Notre but n’est pas d’engloutir l’organisation sous une tonne de statistiques, mais de fournir un éclairage qui aide à gouverner. »
Rapports clé en main
L’équipe appuie ainsi des directions d’école, des services éducatifs ou des cadres en ressources humaines et financières. Elle s’assure de bien cerner leurs besoins. Puis, elle extrait des statistiques de documents ministériels ou internes, propose des indicateurs de gestion mesurables et produit un rapport clair. « On outille les gens pour qu’ils comprennent les chiffres. Clé en main! »
Un exemple : le tableau de bord des postes à pourvoir. Fini, la compilation à la main… Avec le service des ressources humaines, le Bureau a créé un système d’entrée de données branché à un bilan facile à lire. Le résumé des emplois vacants est accessible en temps réel.
Ces travaux profitent au personnel, mais aussi aux jeunes. Ainsi, le tableau des finissants et finissantes de cinquième secondaire résume les matières exigées pour le diplôme. Un code de couleur et un indice de risque accompagnent toute note insuffisante. « En une page, les directions voient leurs élèves vulnérables. Elles peuvent alors concevoir des mesures d’appui avec les enseignants. »
Des données pour le bien commun
Présenté comme un soutien aux équipes plutôt qu’une mesure de performance, le Bureau a vite rallié des adeptes. Son défi est technique : beaucoup d’outils, tel le système de paie, servent mal la collecte d’informations. Ses cinq spécialistes doivent aussi longuement échanger avec les partenaires sur le terrain pour comprendre comment les chiffres sont saisis. « Nous sommes experts en statistiques, eux en contenu. » Cette alliance engendre une réelle intelligence du domaine, et une culture des données au service du bien commun.
Des établissements scolaires ou collégiaux, tout comme le ministère de l’Éducation, s’intéressent à ce modèle, exposé dans La Presse. Le Centre partage volontiers son expérience. Nancy Meilleur recommande de ne pas faire de compromis sur la rigueur. Ce système nécessite un rodage de trois ans pour générer ses premières vraies retombées.
« Le Bureau n’est pas une recette, mais une philosophie », prévient-elle. Il s’inscrit dans une vision qui promeut la réussite étudiante par divers moyens. Cette approche, décrite dans des référentiels, avait d’ailleurs remporté le prix Éducation en 2021. Marguerite-Bourgeoys figure aujourd’hui parmi les trois centres de services scolaires où le taux de diplomation est le plus élevé au Québec.
En novembre, l’équipe des statistiques en lice pour le prix Éducation assistera en groupe à la cérémonie de remise des prix. « On sait combien le Bureau est apprécié à l’interne, résume Nancy Meilleur. Mais le fait que notre candidature soit finaliste est un honneur émouvant. »
Partenaire du prix : ministère de l’Éducation