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Résumé

Docteure ès-productivité

Avec rigueur et bonne humeur, Annie Morin fournit aux équipes de recherche du CHU de Sherbrooke les meilleures conditions possibles pour mener à bien leurs projets.

Gérer les accès aux salles de cultures cellulaires. S’assurer qu’étudiants, professeurs et professionnels puissent entrer dans les laboratoires. Veiller à la distribution des bouteilles de désinfectant. Voilà quelques-unes des tâches qui sont brusquement apparues sur la liste d’Annie Morin en mars 2020. Quelques semaines plus tôt, elle avait pris le poste d’adjointe au directeur scientifique du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). Sans s’imaginer, bien sûr, qu’elle devrait composer avec la plus grande crise sociosanitaire moderne!

« Avec le recul, je considère cette période comme une belle expérience. Un baptême du feu », illustre cette gestionnaire dotée de nerfs d’acier et d’un sourire à toute épreuve. Son leadership a aidé l’établissement de santé à surmonter cette phase d’incertitude par la mise en place de consignes de sécurité. En même temps, elle parvenait à piloter un programme de 200 000 dollars financé par la Fondation du CHUS pour réaliser quatre projets de recherche portant sur la COVID-19.

Curieuse de nature, cette docteure en sciences cliniques formée à l’Université de Sherbrooke manie aussi bien les concepts de recherche fondamentale que les principes de gestion collaborative. Elle devient assistante professionnelle de recherche en 2010. L’année suivante, la voilà agente de liaison pour le Consortium de recherche en oncologie clinique du Québec. Jusqu’à ce qu’une professeure lui fasse une proposition.

« Elle avait besoin d’étudiants au doctorat pour faire une recherche sur les femmes atteintes de vestibulodynie, une condition qui cause des douleurs durant les relations sexuelles. J’ai décidé de me lancer dans ce sujet », raconte Annie Morin, qui a pris un congé sans solde pour pousser sa formation. Comme elle avait déjà suivi ses cours de base, elle a terminé son essai clinique et sa thèse dans un délai record de deux ans. « L’échéancier a été serré, mais j’ai réussi ce petit tour de force avec l’appui de mes directeurs »

Cinq ans plus tard, cette professionnelle rigoureuse puise souvent dans son expérience pour comprendre les difficultés auxquelles se heurtent les chercheurs et chercheuses. Elle sait quel genre de problèmes on rencontre parfois pour recruter des volontaires. Ou encore, pour présenter leurs résultats à l’étranger et publier. « La recherche se compose de nombreuses étapes administratives, rappelle-t-elle. J’en connais plusieurs pour les avoir affrontées. » Ce qui l’aide aujourd’hui à suggérer des conseils aux spécialistes qu’elle côtoie.

Annie Morin entourée du Dr André Carpentier, directeur scientifique du Centre de recherche, et de Mme Stéphanie McMahon, directrice de la coordination de la mission universitaire au CISSS de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.

Annie Morin a reçu le prix« Contagieux par sa bonne humeur » en 2018.

Face aux défis quotidiens, l’adjointe scientifique applique une méthode simple. Elle prend un pas de recul, examine ses priorités et passe à l’action. En acceptant de temps en temps que certaines choses, sur lesquelles elle n’a pas de pouvoir, lui échappent.

Son « système D » est peut-être né sur les rives du lac Saint-François, non loin de Thetford Mines. Là-bas, ses grands-parents tenaient une auberge-dépanneur qui donnait aussi dans la location de bateaux et l’organisation de spectacles. « Il fallait souvent se retourner sur un 10 cents, se souvient-elle, un sourire dans la voix. Par la suite, j’ai été serveuse dans un restaurant pendant 15 ans. Tout au long de mes études, je travaillais sept jours sur sept. » Chef d’équipe attentive, elle a affiné ses aptitudes au dialogue et à la mobilisation entre deux commandes de poulet. Le Conseil multidisciplinaire du CIUSSS de l’Estrie – CHUS lui a d’ailleurs attribué le prix « Contagieux par sa bonne humeur » en 2018!

Signe qu’elle carbure à la chaleur humaine, Annie Morin n’oublie pas de saluer les deux autres personnes en nomination dans la catégorie Relève d’excellence. « Je suis vraiment fière que nous soyons trois femmes finalistes, dans des domaines très différents, souligne-t-elle. Je suis aussi très touchée d’avoir l’aval du PDG de mon établissement. Cela me conforte dans mes nouvelles fonctions, même si parfois j’ai des doutes. »

Partenaire du prix Relève d’excellence : École nationale d’administration publique