Ensemble pour une société unie
Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes
La contribution d’un centre de recherche à un collectif de fonctionnaires municipaux spécialisés en immigration aide des villes québécoises à intégrer tous les groupes à leur population.
Depuis 2015, le Québec dispose d’une force inédite pour faciliter l’inclusion des personnes issues de l’immigration et contribuer à la cohésion sociale en contexte pluriethnique. Le Réseau des municipalités en immigration et en relations interculturelles (REMIRI) réunit des professionnelles et professionnels d’une vingtaine de municipalités à l’affût des meilleures pratiques. Un regroupement de gens motivés à promouvoir le vivre-ensemble.
« Le Réseau reflète une volonté de ces responsables de partager leur expertise pour inclure les diverses communautés culturelles dans leur ville », témoigne Bob White, directeur du Laboratoire de recherches en relations interculturelles (LABRRI). Ce groupe de recherche rattaché à l’Université de Montréal contribue régulièrement aux travaux du collectif. Rapidement, le REMIRI s’est rapproché du monde de la recherche pour prendre du recul sur les politiques menées ici et pour découvrir les bons coups accomplis ailleurs.
« Nous sommes, au Québec, les champions de la concertation entre municipalités, organismes communautaires et milieu universitaire, poursuit le professeur en anthropologie sociale. Ces dernières années, le réseau nous a suggéré plusieurs études que nous avons ensuite réalisées. »
Vivre ensemble : les meilleures pratiques
L’une d’elles, lancée à Sherbrooke, compare et analyse des politiques municipales en matière d’intégration de partout dans le monde. Le LABRRI a constitué une base de données sur les expériences vécues ailleurs. Comment lutter contre les discours haineux? Quel rôle l’art peut-il jouer pour lier des gens d’origines diverses? De nombreuses questions que se posent les villes trouvent réponse grâce aux collaborations avec ce groupe de recherche.
Cette alliance entre chercheurs et professionnels en relations interculturelles contribue à la mise au point d’outils et d’analyses sur le vivre-ensemble dans les collectivités. Elle facilite aussi la résolution de problèmes concrets. Par exemple : réduire les risques d’incendie liés à l’utilisation de bougies dans des garde-robes, transformées en autels religieux. Au fil des discussions impliquant une quinzaine de villes, les membres du réseau ont pu bénéficier d’approches de communication déjà testées avec succès, notamment à Vaudreuil-Dorion.
Le LABRRI s’apprête d’ailleurs à publier aux Presses de l’Université du Québec un livre sur les politiques interculturelles implantées dans la province. Il y examinera des cas issus de tout le territoire, pas uniquement des grandes agglomérations.
Un réseau qui fait école
Le REMIRI s’est joint au programme de Cités interculturelles du Conseil de l’Europe en décembre 2021, une première dans le monde francophone et dans les Amériques. Le collectif représente d’ailleurs le Canada dans une recherche associant notamment les villes de Melbourne et de Barcelone.
Le REMIRI permet aussi une meilleure communication avec l’appareil administratif gouvernemental. En discutant entre collègues, les responsables des dossiers interculturels ont amélioré les demandes de financement déposées par les municipalités. En retour, le personnel ministériel y a réagi de façon plus uniforme et cohérente. Par ailleurs, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration participe aux réunions depuis 2020.
La nomination de cette communauté de pratique comme finaliste au prix Collaboration scientifique a surpris Bob White. « Avec des membres du réseau situés à Sherbrooke et à Gatineau, on a sauté en l’air, se réjouit le chercheur. Cette reconnaissance témoigne de la portée de notre partenariat, mais aussi, de l’importance du rôle que jouent les fonctionnaires pour rendre les villes plus inclusives. »
Partenaire du prix : Fonds de recherche du Québec