Faire confiance et donner une vision
Gérer de façon humaine et mobiliser le personnel dans des projets pour faire évoluer la métropole : c’est l’ambition de Serge Lamontagne, grand maître en administration municipale.
« Serge Lamontagne, t’es malaaade ! » Voilà ce que le directeur général de la Ville de Montréal a entendu, en 2018, lorsqu’il a annoncé son intention de faire la tournée de son organisation. Il tenait mordicus à prendre le temps de visiter le personnel des 19 arrondissements.
« Le dialogue avec les employés, c’est fondamental, a-t-il expliqué. Même dans une grande ville, il faut travailler à échelle humaine. » L’homme gère un effectif de 28 000 personnes et un budget annuel de 6 milliards $. La méthode Lamontagne pour y parvenir ? « Faire confiance au monde, et donner une vision à suivre. »
Mais avant tout, le dirigeant aime prendre du recul. Il a ainsi entamé son mandat par une colossale enquête. Quelque 15 000 salariés municipaux ont rempli un questionnaire sur ce qui allait bien et moins bien au travail. Chaque équipe a ensuite élaboré un plan d’action avec son cadre. « Le sondage de mobilisation a été l’expression de l’importance que j’accorde aux employés. Et la clé du succès, car les gens ont senti qu’il se passait quelque chose. »
Pour rédiger le plan stratégique Montréal 2030, même approche. Environ 12 500 citoyens ont décrit à quoi leur métropole devrait ressembler dans une décennie. Les employés aussi ont été consultés. La Ville en a tiré des priorités en matière de vie de quartier, de transport, d’habitation et de soutien aux personnes vulnérables. La démarche de consultation, première du genre à Montréal, a permis de mieux arrimer les plans et politiques en clarifiant la vision à concrétiser.
« Serge a une capacité hors du commun à transformer les organisations. Pour lui, briser les silos et couvrir tous les angles, c’est primordial », affirme Diane Bouchard, directrice générale adjointe des services institutionnels à la Ville de Montréal.
Le bachelier en activité physique et maître en administration des affaires débute en 1993 comme directeur du Service des loisirs à Amos, un secteur de proximité avec le public, ce qu’il adore. En 2005, il est nommé à la tête de l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, premier d’une série de postes à responsabilités.
C’est une crise majeure qui le propulse au sommet de son art. En janvier 2014, il accepte la mission de directeur général à la Ville de Laval. La cité se trouve alors sous tutelle de l’État à la suite d’un scandale de corruption. Ce champion de la mobilisation va redonner aux effectifs la fierté de leur travail en révisant le fonctionnement de l’organisation et en créant un bureau d’intégrité et d’éthique. « Sur 3 500 employés, certains ont dû partir, mais ce sont les 3 450 autres qui ont remis la ville en place, note-t-il. Il fallait juste leur permettre d’exprimer leur talent. » L’École nationale d’administration publique accompagne la direction dans ce chantier, objet d’une publication et lauréat de trois distinctions, dont le Prix d’excellence de l’administration publique dans la catégorie Monde municipal en 2016.
Serge Lamontagne dégage un optimisme contagieux, décrit Patrice Guay, avocat en chef de la Ville de Montréal, qui l’a suivi dans le secteur public après 20 ans en pratique privée. « C’est un modèle pour mobiliser les troupes dans un projet commun. Il faut le voir parler devant un groupe. Il est simple et sincère. »
Ses décisions, le gestionnaire les prend en pensant au futur de M. Henri. Ce grand personnage est… son petit-fils, âgé de 2 ans. L’humain demeure au cœur des actions de ce père de quatre enfants, en couple avec sa conjointe depuis bientôt quatre décennies.
En appui à la mairie, il continue de veiller à la réalisation de projets ambitieux, dont le Plan climat 2020-2030. Montréal se donne 10 ans pour réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre. Pour atteindre cette cible, la Ville mise sur les secteurs où s’étend son influence. Mobilité active et collective, électrification des transports, urbanisme…
Pour l’ensemble de ses réalisations, Serge Lamontagne reçoit le prix Hommage 2021. On le sent ému. Les 18 derniers mois ont été costauds avec la gestion de la pandémie et les autres grands défis de la métropole. « Je vois dans cette distinction une reconnaissance de ma carrière, mais aussi de tout le travail accompli dans le milieu municipal, conclut-il. C’est avec les gens qu’on réussit à changer les choses. »
Partenaires du prix Hommage : Ministère du Conseil exécutif et Beneva