La patrouille de la compassion
Trois organisations ont uni leurs forces pour aider les personnes sans domicile qui se réfugient dans le métro. Une alliance qui contribue au bien-être de toute la clientèle.
Regarder la vidéo de ce projet
Regarder la vidéo des trois finalistes du prix Monde municipal
M. V. « habitait » le métro de Montréal. Régulièrement, on le découvrait blotti dans un coin de station. À 80 ans passés… Un jour, des gens bienveillants l’ont abordé. Ils ont recruté un interprète vietnamien pour échanger avec lui. Ils lui ont trouvé du soutien, déniché un logement, et même fait une épicerie ! Maintenant, M. V. dort chez lui, au chaud. Loin du brouhaha des passants.
Cette histoire illustre bien l’impact de l’Équipe métro d’intervention et de concertation. L’EMIC est née à l’automne 2020 pour aider les gens en difficulté qui cherchent refuge dans le réseau de mobilité urbaine. Une initiative inédite du Service de police de la Ville de Montréal, la Société des transports de Montréal et la Société de développement social.
« Le partage des expertises sur le terrain est une richesse. En échangeant nos visions, on fait la différence pour les personnes vulnérables comme pour la collectivité », lance Sophie Bellemare, l’agente responsable du projet. La policière affectionne l’action communautaire depuis son passage dans une équipe mobile vouée aux sans-abri.
Créer une patrouille mixte d’esprit humaniste pour le métro ? L’idée séduit d’emblée les trois organisations. Des épreuves s’annoncent : hausse de la population sans toit, pénurie de logements sociaux, crainte de la COVID-19… Porté par l’urgence, le projet naît en deux mois. Les partenaires rédigent une entente légale qui encadre les enjeux d’assurances et de confidentialité. Ils dénichent aussi une fourgonnette à remplir de collations et de vêtements.
La « brigade du bien » démarre fin novembre, comme le relate La Presse. Avec l’inspecteure du service de Sûreté et contrôle Anik Lavoie et l’intervenant social Paul-Emmanuel Montissol, Sophie Bellemare arpente les stations. Mission : aider les personnes itinérantes à long terme, au-delà des urgences. « Polo » tente la première approche, puis introduit ses collègues, dont l’uniforme peut s’avérer intimidant. Le trio offre son appui sans l’imposer. « On cherche à établir une relation de confiance. »
En secourant des gens en détresse, l’équipe préserve le bien-être de toute la clientèle. Ceux et celles qui se retrouvent à la rue ne posent en majorité aucun danger, mais il peut arriver que la maladie mentale ou la toxicomanie pousse à commettre des délits. La sergente détective Kathleen Goulet entre alors en action. Elle prépare le dossier pour la Cour, en recommandant une solution durable fondée sur les programmes de soutien juridique aux personnes vulnérables.
Dans les stations visitées, les plaintes ont diminué entre le printemps et la fin de 2020. Cet hiver, l’EMIC disposera d’un second véhicule et d’une équipe élargie pour patrouiller de soir et de weekend. À terme, l’approche pourrait favoriser la cohabitation sociale dans des centaines d’abribus ou de gares. À Montréal, mais aussi à Laval, Longueuil, Québec…
« Tout le monde sort gagnant de ce projet », résume avec fierté Sophie Bellemare. Peu importe à qui ira le prix Monde municipal, l’EMIC considère sa place de finaliste comme un accomplissement. Et une invitation à continuer son chemin. « On espère patrouiller ensemble encore longtemps ! »
Partenaire du prix Monde municipal : Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation