Les défricheurs de la COVID longue
Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes
Co-Vie propose des services de réadaptation aux personnes atteintes de COVID longue. Ce projet précurseur est né d’une collaboration innovante entre le milieu de la recherche et le réseau des services publics en santé.
Selon des données conservatrices, 10 % des gens ayant contracté la COVID-19 souffriraient de sa forme longue. Au Québec, cela représenterait à ce jour plus de 100 000 personnes aux prises avec une variété de symptômes invalidants, déroutants pour l’appareil médical.
« Nous avons rapidement constaté que ces personnes avaient des besoins auxquels nos pratiques habituelles ne répondent pas. Elles se sentaient frustrées et abandonnées, d’où l’urgence de développer des services adaptés pour leur venir en aide », relate Sophie Poirier. Elle est directrice adjointe des services multidisciplinaires et de l’enseignement universitaire au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Ouest.
Parallèlement, Simon Décary, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, entamait une recherche au Centre. Le sujet? Les soins de réadaptation pour les patients atteints de la COVID longue. « C’est autour de nos intérêts communs que Co-Vie s’est coconstruit », précise la coordonnatrice du projet.
Associer recherches et soins
En janvier 2021, les partenaires entament leur collaboration. Chaque semaine, ils échangent sur l’avancement de la recherche et sur le développement de l’offre de services. Les données récoltées auprès de patients volontaires, d’abord des employés du CISSS en absence prolongée due à la COVID-19, alimentent le projet. Cette méthode inédite permet d’implanter rapidement des interventions pertinentes.
Dans les mois suivants, l’équipe du CISSS établit avec des cliniques privées en physiothérapie et en ergothérapie des partenariats qui incluent des formations. Elle outille également sa communauté de pratique. « Simon agissait comme vigie scientifique, tandis qu’on relayait les connaissances les plus récentes dans nos réseaux professionnels. »
La gamme de soins ainsi bâtie couvre un champ étendu d’expertises, sans négliger les aspects psychosocial et nutritionnel de la maladie. À cela s’ajoute la documentation et des vidéos publiées sur le site Web dédié au projet. Dès son lancement, en juin 2021, la clinique connaît un succès considérable. « La réaction a été fulgurante! Des gens de toutes les régions nous interpellaient. Nous étions les premiers au pays à offrir ce genre de service, nous ne suffisions pas à la demande. »
Un modèle pour traiter la COVID longue
Heureusement, Co-Vie a inspiré de multiples initiatives. Des CISSS et CIUSSS d’autres régions développent des ressources à leur tour. L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux a produit des recommandations à l’intention des spécialistes du domaine. En outre, le ministère de la Santé et des Services sociaux a annoncé la création d’une quinzaine de cliniques spécialisées en COVID longue et en maladie de Lyme, laquelle présente plusieurs similarités.
Dans tous ces cas, l’équipe Co-Vie a agi à titre de consultante. Elle est considérée comme une référence, ici et ailleurs. « Simon, qui entretient des liens avec l’Organisation mondiale de la santé, nous confirme que celle-ci s’inspire de nos travaux pour jeter les bases des meilleures pratiques internationales », indique la coordonnatrice.
Même s’il reste du chemin à faire pour comprendre la COVID longue, le projet Co-Vie redonne espoir aux malades et améliore leur qualité de vie. Pour l’équipe, se retrouver parmi les finalistes du prix Collaboration scientifique est un bel encouragement. « Créer une offre de services rapidement, en contexte pandémique, dans un domaine où tout était à inventer a demandé une grosse somme d’énergie, confie Sophie Poirier. Une telle reconnaissance, ça fait du bien! »
Partenaire du prix : Fonds de recherche du Québec