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Résumé

Respirer en toute sécurité

Un appareil mis au point dans un laboratoire de Québec révolutionne les soins aux malades en manque d’oxygène. Il peut même réduire la durée de leur séjour à l’hôpital.

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De quand date la technologie utilisée dans les hôpitaux du monde entier pour donner de l’oxygène aux personnes après une anesthésie générale? Ou qui souffrent d’une insuffisance respiratoire chronique? Réponse : 1910. Incroyable, mais le débitmètre à bille n’a pas connu la moindre modernisation depuis plus d’un siècle. Pourtant, l’apport en oxygène joue un rôle clé dans la convalescence. De nombreuses études médicales soulignent d’ailleurs l’importance d’employer le dosage le plus exact possible.

L’archaïsme du système a surpris François Lellouche, médecin et chercheur à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval (IUCPQ). Dès 2009, il s’est attaqué au problème avec quelques étudiants réunis dans un petit laboratoire. Après plusieurs années de travail acharné, l’équipe a produit un dispositif innovant, FreeO2. Le développement de la technologie s’est poursuivi avec OxyNov. Une entreprise cofondée avec Erwan L’Her, chef du service de médecine intensive et de réanimation au Centre hospitalier régional universitaire de Brest, en France.

« L’oxygène se trouve au cœur de la pratique des soignants, rappelle François Lellouche. Pour les convaincre de changer de système, dans leur milieu relativement conservateur, il faut des données probantes. »

Dr François Lellouche, médecin et chercheur.
Dr François Maltais, pneumologue.
M. Jacques Milot, premier usager de l’appareil et participant à la recherche.

L’équipe a donc mené une quinzaine d’études au Québec, en France, aux États-Unis et en Tunisie. Les conclusions ont incité le personnel médical de l’IUCPQ à tester cette nouvelle technologie. L’appareil a d’abord servi dans des cas de pneumonie ou de maladie pulmonaire obstructive chronique, puis à partir de janvier 2021, il a été utilisé de façon systématique chez les patients atteints de la COVID-19 ne nécessitant pas de soins intensifs. Plus tard, son usage sera élargi au service des urgences.

Résultat? Les patients et patientes ont reçu exactement la dose d’oxygène requise, ce qui facilitait leur rétablissement. La durée de leur hospitalisation a été réduite de 30 à 50 %!

À la différence du débitmètre classique, réglé à la main, le FreeO2 ajuste constamment le flux d’oxygène aux besoins de la personne soignée. L’appareil dispose en effet de données de saturation captées en continu par une pince installée au bout du doigt. L’écran affiche le niveau optimal recherché ainsi que le taux mesuré. On évite ainsi de fournir trop d’oxygène, ce qui peut entraîner des complications, parfois mortelles, ou pas assez, un problème qui échappe souvent à la vigilance du personnel. Le sevrage en est également facilité, puisqu’il se déroule peu à peu.

« Certains patients ne veulent plus s’en passer, s’exclame le scientifique. Savoir en tout temps que leur utilisation d’oxygène correspond aux normes recommandées les rassure. »

Pierre-Alexandre Bouchard, professionnel de recherche, Marie-Ève Payeur et Jessica Blouin, conseillères en soins, Andrée-Anne Devost, physiothérapeute et Maxime Chabot, technicien en génie biomédical.

À l’IUCPQ, le FreeO2 fait désormais partie de la routine. Le professionnel de recherche Pierre-Alexandre Bouchard, qui coordonne le projet, a formé à ce jour plus de 350 personnes, médecins, infirmières, inhalothérapeutes et physiothérapeutes au maniement du nouvel appareil. La technologie, déjà autorisée en Europe et au Canada, pourrait s’implanter bientôt aux États-Unis. Un jour, elle pourrait même être employée à domicile.

La nomination de l’équipe parmi les finalistes du prix Santé et services sociaux ne pouvait donc mieux tomber. « La reconnaissance nous fait plaisir, souligne François Lallouche. On espère qu’elle va nous aider à faire connaître encore davantage cette réalisation. »