Soigner le traitement des aînés
Voir la vidéo de l’équipe lauréate et des deux équipes finalistes au prix Santé et services sociaux.
En Estrie, les personnes âgées reçoivent un accueil sur mesure dans la première urgence gériatrique au pays. Une expérience moins éprouvante grâce à des soins adaptés.
À première vue, l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke ressemble aux autres services hospitaliers du Québec. Une chose la distingue cependant. En 2020, l’American College of Emergency Physicians l’accréditait comme urgence gériatrique de niveau « argent » — une première au Québec et au Canada. Ce sceau récompense l’excellence dans les soins donnés aux personnes âgées. Là-bas, médecins, infirmières et préposés s’allient pour mieux prendre en charge cette clientèle qui représente 20 à 40 % des bénéficiaires.
Dès leur arrivée à l’hôpital, la plupart des patients et patientes de 65 ans ou plus rencontrent une infirmière clinicienne spécialisée en gériatrie. Cette professionnelle évalue leurs besoins de façon globale, au-delà de la raison médicale qui motive la consultation à l’urgence. À quoi ressemble leur environnement? Leur réseau social? Leur état psychologique?
« Tous ces éléments peuvent faire une différence entre une pneumonie qui guérit bien et une infection qui entraîne d’autres problèmes », souligne Audrey-Anne Brousseau, la médecin à l’origine de l’urgence gériatrique. Le projet rassemble le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie (CIUSSS) et le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Soins adaptés au vieillissement
À l’hôpital, les gens du troisième âge doivent obtenir des soins de base pour ne pas décliner. Manger, bouger, s’orienter dans l’espace et le temps… L’urgence gériatrique répond à leurs besoins en leur procurant du matériel comme des chaussettes antidérapantes et des repères dans le temps.
« Près de 80 % du personnel à l’urgence et l’ensemble des médecins ont reçu une formation pour détecter et prendre en charge l’agitation et le délirium », ajoute la spécialiste. Environ 10 % des individus qui entrent à l’hôpital éprouvent un état temporaire de confusion causé par certaines infections ou par le stress du séjour. Ce syndrome doit être traité pour prévenir des chutes, voire des décès.
Le soutien se poursuit au-delà du seuil de l’hôpital. Un physiothérapeute et une travailleuse sociale épaulent l’infirmière dans cette mission. Une personne se déplaçant en marchette risque, par exemple, d’avoir du mal à se mouvoir si elle se casse le poignet. L’équipe peut l’aider à préserver son autonomie en lui suggérant des mouvements de rééducation ou des équipements adaptés. De même, elle peut organiser avec les services sociaux une aide pour les repas et le ménage afin que le retour à domicile se déroule en toute sécurité.
Prise en charge plus efficace
« À l’urgence, le personnel voit les patients très vite pour des épisodes aigus, témoigne la médecin. La mise en place d’une équipe interdisciplinaire permet de mieux répartir certaines responsabilités. »
La collaboration entre spécialistes de différents secteurs améliore la prise en charge, tout comme le suivi avec le médecin de famille et le CIUSSS. Elle évite aussi un retour rapide à l’hôpital après le traitement. Avant la pandémie, ces efforts ont fait baisser de 5 % les admissions à l’urgence gériatrique, sans allonger la durée des séjours. Les services hospitaliers de première ligne de l’Estrie devraient bientôt adopter le modèle, déjà implanté à Cowansville.
Avec son équipe, l’urgentologue voit avec fierté sa réalisation en nomination au prix Santé et services sociaux. « C’est un signe de reconnaissance qui nous aide à avancer face aux embûches », conclut Audrey-Anne Brousseau.
Partenaire du prix : ministère de la Santé et des Services sociaux