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Résumé

Soigner l’invisible

Un centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) s’est inspiré de l’encadrement offert aux athlètes pour créer un programme de soutien au rétablissement du personnel en congé maladie. Un système totalement autofinancé.

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« On a de beaux succès ! », lance avec fierté Sébastien Duvergé. Ce gestionnaire du CISSS des Laurentides cherchait comment aider le personnel à reprendre pied après un épisode d’invalidité. C’est ainsi qu’il a imaginé le Programme d’assistance au rétablissement et à la réintégration au travail et élimination des obstacles, dit PARTÉO.

Depuis longtemps, le chef du service de prévention et mieux-être au travail s’interrogeait sur les conditions assurant le succès d’un retour à l’emploi après la maladie. Ses recherches pointaient vers un écueil majeur : l’accès limité aux soins psychologiques.

Au printemps 2018 naissait donc PARTÉO. L’équipe – un conseiller en réadaptation, une technicienne administrative et deux ergothérapeutes – a pu appuyer une centaine de personnes l’an dernier. Avec succès. Pour un même diagnostic de nature mentale, la durée d’absence moyenne a diminué de 57 jours au CISSS. Et le programme n’a rien coûté… En effet, les économies réalisées en assurance salaire ont compensé les dépenses.

 « Je ne sais pas comment j’aurais fait sans ce service pour être de retour au travail après seulement deux mois d’arrêt », témoigne un usager. Ce workaholic a appris à reconnaître les premiers signes d’une crise d’anxiété et développé des stratégies pour la contrôler. Pour lui, la thérapie cognitivo-comportementale s’avère d’un grand secours.

Afin de maximiser les chances de succès des gens mis au repos, PARTÉO s’emploie rapidement à identifier tous les obstacles qui leur compliquent la vie. Faut-il dénouer une impasse familiale ? Régler un conflit avec un collègue ? Prendre en compte leur rôle de proche aidant ? Le plan de retour au travail, établi en trois ou quatre mois, fera au besoin appel à la collaboration de l’employeur et du syndicat. Car ce n’est pas tout de ramener la personne à son poste, encore doit-on lui éviter une rechute.

Dans les cas de trouble de la personnalité limite, par exemple, cette approche opère des merveilles. Tant l’employé que le gestionnaire apprennent à interpréter les symptômes d’un dysfonctionnement. Ils peuvent ainsi s’ajuster avant que la situation ne dégénère. « On a sauvé des gens qu’on allait mettre à la porte », se réjouit Sébastien Duvergé.

En matière de santé mentale, les préjugés ont la couenne dure. On stigmatise encore beaucoup les personnes atteintes. Et l’aide fait terriblement défaut. Or, les besoins augmentent à vue d’œil. Moins physique qu’autrefois mais plus cognitif, le travail sape de plus en plus les ressources nerveuses des humains. « C’est un mal dont il faut s’occuper », insiste celui qui a découvert l’importance du soutien psychologique en pratiquant du sport de haut niveau. Joueur de rugby en France, skieur au Québec, il en a lui-même testé les vertus.

L’équipe voit sa nomination au prix Gestion des ressources humaines comme un encouragement à poursuivre l’œuvre amorcée. Les besoins demeurent criants. « On manque de personnel partout, note Sébastien Duvergé. Il faut en prendre soin ! »

Partenaire du prix Gestion des ressources humaines : Secrétariat du Conseil du trésor